Migr’info du pays de Redon

Les migrants ukrainiens à Redon : partir, se reconstruire, revenir ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, plus de 8 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays. Ces réfugiés de guerre migrent majoritairement vers les pays limitrophes, le plus souvent vers la Pologne qui accueille actuellement près d’ 1,5 millions de réfugiés ukrainiens. Par ailleurs, la France accueille aussi des migrants d’Ukraine. Aujourd’hui on compte 110 000 ukrainiens en France dont 80 % sont des femmes et des enfants, selon le ministère de l’Intérieur.

Partir

Partir de son pays peut être compliqué psychologiquement, laisser la vie qu’on a construite derrière nous, ainsi que se séparer de sa famille et de ses amis. Partir de façon précipitée, sans ne rien prévoir et ne sachant pas ce qu’il va nous arriver, ou arriver à nos proches, et ne sachant surtout pas si un jour nous reviendrons. Le témoignage de Kate, élève ukrainienne actuellement scolarisée au Lycée Beaumont, est particulièrement révélateur de ce départ précipité : “Il était 5h du matin lorsque j’ai entendu un bombardement. Nous avons fait nos valises”. Lors de leur départ, certains migrants peuvent parfois être séparés les uns des autres, et ne jamais se retrouver.

“Il était 5h du matin lorsque j’ai entendu un bombardement. Nous avons fait nos valises”.

Se reconstruire

Parmi les femmes ukrainiennes actuellement réfugiées en France, certaines ont trouvé un emploi, bien que celui-ci soit provisoire et peu qualifié. En effet, les diplômes qu’elles détenaient en Ukraine ne sont pas reconnus de la même façon en France. La plupart du temps, elles travaillent en tant que traductrices, dans l’esthétique ou encore dans le ménage. L’incertitude de la situation en Ukraine freine beaucoup cette insertion sociale pour de nombreuses femmes qui ne savent que penser. Doivent-elles se reconstruire une vie, ici, en France ? Doivent-elles attendre en espérant rentrer chez elles ? Que retrouveront-elles à leur potentiel retour ?

D’un autre côté, les enfants eux sont plus de 20 000 à être scolarisés en France. On compte 53% d’entre eux à l’école, 34% au collège et seulement 13% au lycée. Si ces derniers chiffres concernant le collège et le lycée sont plutôt faibles, c’est en partie parce que les élèves ukrainiens suivent des cours en distanciel dispensés depuis l’Ukraine. Malgré tout, les élèves inscrits en France connaissent de réels progrès dans l’apprentissage de la langue française. C’est d’ailleurs le meilleur moyen pour eux de l’apprendre, en y étant confronté tous les jours. Cela facilite grandement leur socialisation et leur intégration en France. Kate nous a d’ailleurs confié que l’apprentissage du Français ne lui a pas trop posé de problème : “Ca va, ce n’est pas trop dur”, nous a-t-elle confié.

Outre la scolarisation d’élèves ukrainiens, le lycée Beaumont de Redon accueille, dans ses locaux, une famille d’Ukrainiens depuis février 2022. Dans le cadre d’une interview réalisée par Oscar et Youen des élèves de seconde, le proviseur de la Cité scolaire, M. Bachelot, nous a donné quelques informations à ce sujet. Il nous avoue que « la Cité scolaire a été sollicitée dans la mesure où il y a un certain nombre de logements vacants. », et que « ce n’est pas une initiative de sa part mais que cela vient de nombreuses demandes de la région car c’est elle qui possèdent les locaux. ». Pour ce qui est des dépenses, « il y a un coût pris en charge par le lycée, néanmoins, le lycée refacture 150 euros équivalents au coût d’électricité et d’eau. Ce coût est ensuite pris en charge par l’Etat. »

Des familles ukrainiennes ayant fui leur pays, arrivant par le train dans un nouveau territoire

Revenir ?

De nombreux réfugiés en rêvent, retourner vivre en Ukraine, dans le pays qu’ils ont dû quitter si précipitamment : c’est le cas de près de 2,5 millions d’entre eux. Les autres, restent dans les pays dans lesquels ils sont arrivés en premier, ou alors changent de pays. Par exemple, certains ne sont que de passage en France. La SNCF a fourni plus de 28 000 billets gratuits à des Ukrainiens, leur permettant de quitter la France et d’arriver dans ses pays limitrophes tels que l’Espagne ou le Portugal. Aujourd’hui, on compte plus de 10 000 réfugiés ukrainiens ayant quitté la France pour rejoindre, le plus souvent, leur famille installée dans un autre pays d’Europe. Kate ne nous a pas signifié son désir de retourner en Ukraine : “J’aime bien la France”, conclut-elle.

Léa A., Marie B., Ava R.

L’interview de Kate, élève ukrainienne, réalisée par les élèves peut être écoutée sur l’espace dédié pour le concours. Le fichier s’intitule : “Interview de Kate”.